Message de la présidente de la Commission du Droit de prêt public

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15 février 2025

Les accordéons

Je suis la fille d’une bibliothécaire. Ma mère me corrigerait dès cette première phrase : son titre exact était « technicienne en bibliothèque », mais c’est tellement moins poétique. J’ai donc, depuis l’enfance, un lien presque familial avec ces lieux feutrés et infinis. Je vois les bibliothèques comme des accordéons. En apparence limitées, elles se déploient à l’infini pour offrir les mots, les idées et la beauté qu’elles contiennent. En ces temps incertains, les bibliothèques offrent beaucoup plus que des livres : elles deviennent un refuge, parfois vital, pour les corps comme pour les esprits.

Le Programme du droit du prêt public se situe au plus beau carrefour qu’on puisse imaginer, là où se rencontrent les personnes qui aiment les livres, celles qui les diffusent et celles qui les créent. Il permet d’honorer la créativité des autrices et auteurs, d’affirmer la valeur de leur travail pour la population, et de reconnaître la relation qui les unit. Le droit du prêt public est une manifestation de cette solidarité qui se construit autour des livres, indépendamment des écarts géographiques, sociaux ou économiques. Les autrices canadiennes et les auteurs canadiens peuvent se vanter d’écrire pour tout le monde, parce que les bibliothèques sont ouvertes à tout le monde.

C’est pourquoi, en cette année charnière pour nos communautés, je nous invite à célébrer collectivement ce programme dont l’excellence fait l’envie de bien des pays. Parlez-en avec les jeunes autrices et auteurs de votre entourage qui ne le connaissent peut-être pas encore. Parlez-en à vos lectrices et lecteurs qui vous demandent si les emprunts faits à la bibliothèque ont un impact sur vos revenus. Parlez-en à vos proches lorsque vous leur payez un verre grâce à votre chèque fraîchement encaissé. Parlez-en sur vos réseaux sociaux, simplement pour expliquer pourquoi vous aimez le mois de février.

Les enfants des bibliothécaires apprennent à aimer l’odeur des livres, à apprécier les chuchotements des rayonnages, à vivre dans des pays imaginaires. Certaines et certains de ces jeunes héritent peut-être même ce côté méthodique et organisé des spécialistes du catalogage. Ce n’est pas mon cas. Je souffre plutôt de ce que je pourrais nommer une phobie administrative. Je n’aime pas ouvrir le courrier de ma banque, je ne suis pas friande de formulaires et je procrastine quand vient le temps d’ouvrir une autre sorte d’accordéon, le classeur que j’utilise durant la saison des impôts. C’est ce qui explique ma posture de cordonnière mal chaussée : je ne suis pas encore inscrite au dépôt direct. Mais c’est sur le point de changer. À toutes les personnes qui sont dans ma situation, je propose un pacte : faisons-le-ensemble, dès maintenant. Le processus ne prend que quelques minutes, pour en économiser des milliers lors des paiements, et simplifier grandement le travail de la très belle équipe du programme, que je remercie au passage de son soutien et de son accueil. Je salue également Mélikah Abdelmoumen, qui a quitté son poste de vice-présidente en juin dernier, et Russell Wangersky, dont j’occupe désormais la proverbiale grande chaise; les deux ont pendant huit ans investi leur temps et leur intelligence afin d’appuyer ce programme dont nous pouvons collectivement parler avec grande fierté. C’est un honneur de servir à mon tour notre communauté en tant que présidente de la Commission du droit du prêt public.

À chacune et chacun, je souhaite inspiration, force et solidarité pour l’année à venir.

Une femme se penche contre un mur de brique en regardant la caméra.

-Catherine Leroux, Présidente de la Commission du droit de prêt public