Message du Président de la Commission du DPP
Je ne crois pas qu’on peut présider la Commission du droit de prêt public sans être amoureux des livres, mais aussi des bibliothèques.
Il y a une foule de raisons qui expliquent cet amour que j’ai. Un de mes premiers emplois, c’était dans la section des périodiques de la bibliothèque de l’Université Acadia, à Wolfville, en Nouvelle-Écosse. J’ai aussi travaillé pendant un été aux archives publiques de la Nouvelle-Écosse, qui rappellent beaucoup une bibliothèque. Je me souviens bien de mes visites à l’édifice blanc et carré d’un étage où était installée la Friend Memorial Public Library de Brooklin, dans le Maine, où je passais de longs mois d’été avec la famille de ma mère. Mon père, dans sa ronde de commissions du samedi matin, passait par la vieille bibliothèque publique d’Halifax. Il en rapportait toujours un grand sac plein de livres. En d’autres mots, d’aussi loin que je me souvienne, les bibliothèques font partie de mes souvenirs, de ma vie comme lecteur et de mon monde professionnel.
En quoi le Programme du droit de prêt public est-il si important dans cette équation? À petite échelle, ça signifie que les bibliothécaires et moi, on peut être amis. Pourquoi? Parce que je suis absolument ravi de savoir que mes livres sont dans des bibliothèques, qu’ils peuvent se rendre à des personnes qui, autrement, ne pourraient peut-être pas se les offrir et que, comme auteur, cette situation ne me nuit pas sur le plan financier.
Voilà une solution créative. Une solution que nous sommes privilégiés d’avoir au Canada comme auteures, auteurs, traductrices, traducteurs, narratrices, narrateurs, photographes, illustratrices, illustrateurs – et, bien sûr, comme lectorat. Grâce aux réseaux de bibliothèques, plus de personnes que jamais auparavant bénéficient de notre travail créatif. Chaque année, en février, nous recevons un paiement pour compenser le fait qu’il y a certains livres que nous ne vendrons jamais, puisqu’ils sont empruntés au lieu d’être achetés.
Comme président de la Commission du DPP, je peux vous confirmer que rien de tout cela ne se produit spontanément. D’abord, la petite équipe qui se consacre au programme du DPP enregistre chaque année des centaines d’auteures et d’auteurs et des milliers de nouveaux livres. Ces personnes répondent à des demandes, solutionnent des problèmes et améliorent le programme toute l’année durant. Elles gèrent un énorme processus d’échantillonnage informatisé qui s’étend aux catalogues de bibliothèques des quatre coins du pays. Elles ne ménagent aucun effort pour trouver des titres enregistrés dans le plus de collections possible. Je peux assurer aux auteurs et auteurs qui ont reçu l’un des plus de 18 000 chèques envoyés cette année que quelqu’un a assemblé leur envoi et inséré dans une enveloppe leur paiement, des formulaires d’inscription et d’autres renseignements essentiels.
En décembre dernier, mes collègues de la Commission du DPP et moi-même avons pu nous rencontrer en personne pour la première fois depuis trois ans. Nous avons passé en revue les règlements et les lignes directrices du programme, expliqué nos décisions à des groupes d’auteures et d’auteurs, et tenté de prévoir d’éventuels enjeux. Nous avons par exemple réfléchi à savoir si un programme d’intelligence artificielle qui convertit un livre imprimé en un livre audio devrait être admissible à un paiement. Dans un avenir relativement proche, nous devrons probablement réfléchir à la manière dont nous traitons les programmes d’IA revendiquant des œuvres littéraires. Le conseil d’administration et le personnel du programme investissent beaucoup de réflexion, de temps et de travail pour déterminer ce qui est objectivement juste et équitable, non seulement pour les auteures, auteurs, narratrices, narrateurs, traductrices, traducteurs, illustratrices et illustrateurs, mais aussi à l’échelle du paysage linguistique du Canada, en anglais, en français et dans les langues autochtones. Parallèlement à tout cela, nous devons toujours garder en tête la viabilité à long terme du programme.
Les dernières années ont été difficiles. Le personnel du DPP a dû travailler à distance. Le conseil d’administration et le conseil de direction ont dû faire des rencontres virtuelles. Certaines de ces habitudes changent, d’autres non. Beaucoup de choses vont changer dans l’avenir. Une chose qui demeurera, cependant, c’est le plaisir que j’ai à m’asseoir pour lire dans un coin tranquille d’une bibliothèque, et ma passion pour une rémunération juste des artistes dont les œuvres sont diffusées dans ces endroits fabuleux.
-Russell Wangersky, Président de la Commission du Programme du droit de prêt public