Message de la Présidente de la Commission DPP
Réfléchissant tout dernièrement au fait que mon mandat de deux ans à la Présidence de la CDPP allait prendre fin bientôt (en juin 2022), j’ai pris conscience du fait que je me trouvais aussi à briser un triste record : je serai la première présidente de la Commission à avoir exercé son mandat entièrement à distance, sans qu’aucune réunion avec les membres ou le comité exécutif ait eu lieu « en présentiel ».
Bref, si j’écrivais dans mon message de l’an dernier que « les derniers mois ont été difficiles pour la communauté littéraire et le monde artistique en général », je crains que l’on doive, cette fois, employer plutôt le terme d’années.
C’est un choc, pour nous tous. Et il n’est sans doute pas facile à assimiler.
La CDPP — dont chacun des membres a, à sa manière, été affecté par le prolongement interminable de cette épreuve — a néanmoins continué de se rencontrer via les outils informatiques qui font désormais partie de notre quotidien. Il me semble que tout au long de ces réunions générales, ou en comité exécutif, ou en trio avec le secrétaire général, et notre vice-président, une chose a été frappante : personne ne faisait semblant que ce mode de communication à distance était préférable à nos rencontres d’autrefois, en chair et en os. Personne ne prétendait ne pas ressentir une certaine tristesse. Étonnamment, cela donnait à nos rencontres une aura de fraternité, de solidarité et même d’affection, qui nous a aidé·es à tenir le fort et à nous assurer que les travaux de la Commission se poursuivaient malgré tout. Les revenus assurés à la communauté des auteurs et autrices canadien·nes par la CDPP sont tout aussi essentiels, voire plus que jamais, et il fallait absolument s’assurer que les choses se passent comme d’habitude — même si, depuis deux ans, rien n’est plus comme d’habitude.
L’équipe de la Commission a aussi, à l’image de l’ensemble de nos concitoyens, connu des changements, bouleversements, épuisements, adaptations. Aujourd’hui, avec une équipe presque entièrement renouvelée et qui doit, en plus de tout le reste, s’adapter et s’acclimater à de nouvelles fonctions et à un nouvel environnement de travail, il n’en reste pas moins que près de 20 000 dossiers ont été reçus, analysés, traités et bouclés, et ce dans des conditions tout aussi difficiles que celles de l’an dernier. Le miracle aura donc de nouveau lieu : les chèques partiront vers vous, les auteurs et autrices, illustrateurs et illustratrices, traducteurs et traductrices.
Il y a toutefois une chose qui nous donne des raisons de garder la foi en notre travail, de persévérer et même de redoubler d’élan : depuis deux ans, la lecture, la littérature, sont devenues une des plus grandes ressources pour ceux qui souhaitent passer à travers cette crise en nourrissant leur âme et leur esprit. La littérature semble s’être en retour nourrie et enrichie de cette épreuve. Son importance semble plus reconnue que jamais, et nous avons trouvé des manières de pratiquer notre métier, dans tout l’écosystème du livre. Nos collègues des arts vivants et du cinéma n’ont, eux, pas eu cette chance. En ce début d’année 2022, je nous invite donc à ne pas les oublier, et à les soutenir sans réserve dès le moment où le travail, pour elles et eux, pourra reprendre. Qu’ils reçoivent ici, en mon nom mais aussi en celui de toute notre communauté, l’expression de notre profonde solidarité.
-Mélikah Abdelmoumen, Présidente, Commission du droit de prêt public